S’il est bien une polémique qui ne cesse de faire des vagues, c’est celle qui concerne le miel et le véganisme. Entre radicalisme, mésinformation et mauvaise foi, difficile de faire la part des choses pour se positionner une bonne fois pour toutes sur ses choix de consommation.

Loin de nous l’idée de porter un jugement sur le régime végétalien, d’autant plus que nous prônons le respect et la bienveillance envers toutes formes de vie. Cependant, il nous semble intéressant d’apporter le point de vue d’une apicultrice française passionnée par son métier depuis plus de 15 ans.

Les abeilles sont le bien le plus précieux des apiculteurs

Pour un apiculteur, perdre une colonie est une véritable tragédie. Nos abeilles, que ce soient les reines, les butineuses, les ouvrières, etc. sont la source de notre épanouissement personnel (parce que, croyez-le ou non, nous les aimons), mais aussi financier, pour des raisons évidentes. Le métier d’apiculteur est pénible et incertain, preuve en est que les jeunes candidats pour assurer la relève sont de moins en moins nombreux.

En effet, Il faut une bonne dose de volonté pour suivre cette vocation. À écouter les argumentaires végans les plus extrémistes, tous les producteurs de miel sont des bourreaux qui infligent une souffrance incommensurable à ces pauvres insectes pollinisateurs dont l’agriculture mondiale a tant besoin. La question qui s’impose donc est la suivante : tueriez-vous ou maltraiteriez-vous la poule aux œufs d’or ?

Si seulement vous nous voyiez travailler avec nos ruchers, si vous preniez la peine de visiter nos mielleries, vous verriez à quel point nos gestes sont calmes et précautionneux. Vous prendriez conscience que la vie de nos petites protégées est notre préoccupation quotidienne. Parce qu’elles produisent notre gagne-pain ? Bien sûr ! Ne soyons pas hypocrites… Pourtant, sachez que nous savons regarder au-delà de notre microcosme et que nous œuvrons pour la sauvegarde des abeilles, de toutes les abeilles, avec nos actions quotidiennes et nos partenariats avec des organismes tels qu’Un Toit pour les Abeilles.

Bien sûr, il arrive qu’il y ait des accidents entraînant la mort de quelques-unes des membres de nos colonies (piqûre, écrasement, etc.), mais c’est pour nous un crève-cœur à chaque fois, pas un acte de cruauté, et nous cherchons à l’éviter à tout prix. Malheureusement, que ce soit en marchant en forêt, en tondant sa pelouse ou en prenant sa voiture (ou même son vélo !), personne ne peut garantir qu’il n’a pas tué le moindre insecte aujourd’hui. C’est aussi involontaire qu’inévitable. La définition de l’accident, somme toute....

Pourquoi parler d’exploitation animale plutôt que de collaboration homme / nature ?

Nous n’allons pas prendre un par un les arguments avancés par les partisans du véganisme les plus activistes, car cela a déjà été fait par de nombreux confrères et nous ne souhaitons pas participer à ce match. L’équipe le Rucher la Reine des Vosges tient simplement à en faire appel au bon sens des consommateurs, quel que soit leur choix de régime alimentaire.

Il y existe une différence entre utiliser des produits d’origine animale qui causent la mort ou la souffrance (consommation de viande, de poisson et de produits laitiers, mais aussi usage de vêtements en cuir, etc.) et bénéficier des atouts que possèdent certains animaux. Reproche-t-on aux sauveteurs en mer ou en montagne d’utiliser des chiens pour sauver des vies ? Cela relève pourtant de l’exploitation animale, si l’on réduit la réflexion stricto sensu.

Mais allons plus loin : avez-vous un chat qui chasse les souris du grenier ? Un chien qui garde votre maison ? Peut-être l’avez-vous recueilli pour faire plaisir aux enfants ou pour vous motiver à vous remettre au sport. Qui aurait le cran de juger ces choix comme égoïstes, spécistes ou anti-végans ? Une bête ne peut-elle pas être heureuse quand elle rend service à l’humain ?

La collaboration entre l’homme et l’animal est, selon nous, la plus belle forme de respect de la vie et de la nature. Les abeilles nous donnent le fruit de leur travail. Pardon : nous nous servons du travail des abeilles pour en tirer un bénéfice, mais cela se fait en échange de nos bons soins. Ce n’est pas, et ne sera jamais, une relation à sens unique. Nos abeilles sont bien traitées dans nos ruches et nous veillons à ce qu’elles ne manquent de rien.

Nous ne récoltons que le surplus de miel qu’elles ont stocké dans la hausse des cadres de ruche et si jamais leurs réserves venaient occasionnellement à ne pas suffire, nous supplémentons leur alimentation avec des sucres pour préserver leur santé fragile. Cela n’est pas aussi fréquent et encore moins aussi néfaste qu’on peut le laisser croire !

Pourquoi l’apiculture française est végane ?

Si vous nous lisez depuis longtemps, vous savez que nos produits de la ruche sont labellisés par les organismes les plus exigeants en matière de procédés de production raisonnée. Tous nos miels, les médaillés au concours agricole de Paris, comme ceux qui possèdent une AOP (Appellation d’Origine Protégée, comme le miel de sapin des Vosges) ou le label Bio sont examinés de près. Ils possèdent des qualités remarquables, signe de bonne santé de nos essaims et de la diversité de l’environnement dans lequel nos abeilles butinent.

Bien sûr, les exploitations apicoles intensives ont donné à voir au monde des images horribles que les végans et tous les défenseurs de la cause animale ont bien raison de dénoncer, mais il s’agit là d’apiculteurs étrangers. Il est évident qu’un miel bon marché importé de Chine a les meilleures chances du monde d’être anti-végan ! Mais le miel français, l’apiculture traditionnelle des petits producteurs de France que nous sommes est, selon nous, parfaitement compatible avec les préoccupations éthiques du végétalisme. Nous en avons l’intime conviction : les produits de nos ruches, que ce soit le miel, la gelée royale, la propolis, la cire ou le pollen sont le fruit d’une collaboration harmonieuse entre l’homme et la nature, par le biais de l’animal, dans le respect de tous.

Depuis le temps que nous vous parlons des bienfaits du miel et des trésors issus des abeilles sur la santé humaine, c’est pour nous une aberration alimentaire que de le remplacer purement et simplement par du sucre ou du sirop sans grand intérêt nutritionnel. Bien évidemment, il nous semble important de préciser qu’on ne parle pas ici de complément en sucre (comme celui que nous donnons à nos abeilles ayant besoin d’un apport de nourriture), mais de substitution complète du miel par le sucre.

Le miel et le véganisme peuvent coexister, selon nous, à condition de consommer des produits de la ruche 100 % français qui garantissent des procédés de production respectueux du bien-être animal. Nous ne faisons pas qu’affirmer haut et fort notre amour pour les abeilles, nous agissons également à travers notre programme de parrainage de ruche avec Un Toit pour les Abeilles. Ensemble, nous œuvrons pour la sauvegarde de l’abeille et ouvrons les portes de notre exploitation apicole à ceux qui désirent en savoir plus sur notre métier.

Partager notre passion, c’est notre bonheur et nous espérons que vous l’avez compris à travers cet article et tous ceux qui alimentent notre blog.