Si l’origine exacte de l’hypocras garde une part de mystère, il n’en demeure pas moins une boisson largement répandue dans toute l’Europe du Moyen-Âge.

Devenue rare et confidentielle de nos jours, la recette de ce mélange alcoolisé permettait autrefois de conserver le vin plus longtemps, voire d’en améliorer le goût pour les crus de piètre qualité ou ayant tourné.

Faisons un saut dans le temps pour découvrir cette mixture d’épices, de miel et de vin qui désaltéra nos ancêtres, des plus pauvres aux plus illustres.

Les premières traces d’hypocras dans l’histoire

Déjà dans l’Antiquité romaine, les vins aromatisés faisaient fureur. Et bien que la corrélation avec le médecin Hippocrate de la Grèce Antique soit aisée, rien ne prouve que celui-ci soit l’inventeur du breuvage, comme on peut le lire parfois.

D’ailleurs, l’une des pistes les plus plausibles concernant l’origine du nom “hypocras”, bien qu’elle se réfère tout de même à l’illustre grec, est nettement plus tardive. Il s’agit d’un ustensile appelé “la manche d’Hippocrate”, utilisé par les apothicaires pour filtrer les épices, étape indispensable à la fabrication du vin miellé.

De toute évidence, l’hypocras ayant été consommé également à des fins médicinales, notamment pour aider à la digestion, il n’est pas incongru d’imaginer les marchands du fameux alcool jouer de la notoriété du célèbre médecin grec pour mieux vendre leur produit.

Pourtant, c’est bien à l’époque médiévale que l’hypocras se consomme de façon plus répandue. En France et en Espagne, les habitants de l’actuelle Occitanie et de la Catalogne semblent être friands du Pimen (“Piment” en langue d’oc), ce vin miellé au mélange d’épices qui tire son nom du latin Pigmentum, soit aromate ou épice. Ce nom finit toutefois par disparaître au profit d’hypocras et de toutes ses variantes orthographiques : ipocras, ypocras, ypocrasse, hipocras, etc.

Les recettes d’hypocras à travers les âges

Il existe de nombreuses recettes d’hypocras issues de la période moyenâgeuse. Entre le XIIIe et le XVIe siècle, le principe est toujours le même : du vin rouge, des épices et aromates et du sucre mélangés. Fait intéressant : le sucre est un produit de luxe réservé aux nobles (et censé posséder des vertus médicinales), tandis que le miel est l’ingrédient du peuple.

Contrairement à l’hydromel, le fameux élixir associé aux vikings, ce n’est donc pas la fermentation du miel qui donne l’alcool de l’hypocras. On part d’un vin existant que l’on “améliore” par macération avec d’autres condiments.

Toutefois, le mélange herbier diffère beaucoup selon les régions, et quelques variantes préconisent également de faire chauffer le vin, tandis que d’autres s’en passent. Si la cannelle et le gingembre restent incontournables, certains introduisent les clous de girofle, les noix de muscade et autres fantaisies gourmandes. À partir du XVIe siècle, on utilise aussi le vin blanc comme base d’hypocras et les Français n’hésitent pas à ajouter de l’eau-de-vie pour corser la mixture.

Les arômes se veulent plus exotiques et apparaît l’usage la cardamome, de la coriandre, de l’eau de rose ou encore du musc.

Au siècle suivant, sous Louis XIV (amateur notoire de ce vin parfumé), ce sont les fruits et les baies qui s’invitent dans les recettes de la boisson désormais uniformément désignée comme hypocras. Pommes, agrumes (oranges, citrons) mais aussi amandes, ambre, fleur d’oranger, voire lait sont volontiers additionnés à la mixture.

Il faut croire que toute cette inventivité culinaire n’aura pas bien réussi au breuvage puisqu’il sombre dans l’oubli à partir du XIXe siècle, cédant la place aux alcools distillés (Armagnac, Whisky, Cognac, Vodka, etc.).

Le retour de l’hypocras de nos jours

Il est indéniable que notre intérêt culturel pour l’histoire du Moyen-Âge a incité les producteurs à ressortir les recettes d’antan.

Certains s’attachent à suivre les anciennes méthodes et préconisations, tandis que d’autres ont préféré dépoussiérer ce savoir-faire traditionnel pour le moderniser. Aujourd’hui, on trouve de l’hypocras blanc, de l'hypocras rosé ou encore de l’hypocras rouge, avec des mélanges de plantes sucrés et de miels  pour satisfaire les papilles du XXIe siècle.

Le breuvage est utilisé autant en apéritif qu’en digestif, mais aussi pour les préparations en cuisine, du fait de sa richesse aromatique.

Cependant, ce sont souvent les apiculteurs qui œuvrent pour la démocratisation des produits de la ruche et prennent sur eux de diversifier leur activité apicole. C’est pourquoi certaines productions issues de l’univers des abeilles restent rares et précaires, car soumises à la loi de l’offre et de la demande. Il est évidemment possible de faire soi-même son hypocras.

Il faut simplement s’attendre à tâtonner quelque peu avant de trouver la bonne combinaison entre un vin de qualité ou non, un miel à la saveur particulière et des épices fortes ou douces, mais étant donné les nombreuses altérations subies par l’hypocras à travers le monde et le temps, rien ne vous empêche de vous approprier le procédé de fabrication de l’hypocras et d’en faire une boisson sur-mesure, un peu comme un alchimiste des temps modernes !

Alors, avouez que même si vous connaissiez l’hypocras, ce vin médiéval remis au goût du jour, vous ne saviez pas tout des expérimentations dont il a fait l’objet. Êtes-vous tenté de mener vos propres essais ?

Dites-nous tout en commentaires et nous vous partagerons peut-être notre recette d’hypocras préférée bientôt !

Et que vous vous sentiez l’âme d’un apothicaire ou non, n’oubliez pas de visiter notre boutique en ligne pour vous fournir en miels français 100 % naturel, en boissons à base de miel et autres produits de la ruche…