Une colonie d’abeilles, c’est toute une organisation. Autour de la reine, chaque abeille a une fonction à remplir pour assurer la survie de l’essaim. Au cours de leur vie, les abeilles endosseront tour à tour différents rôles cruciaux dans la hiérarchie de la ruche. Découvrons les rouages de la courte, mais intense carrière de notre insecte pollinisateur préféré.

La ruche est un royaume

La reine des abeilles occupe une place centrale au rucher. Seul individu autorisé à se reproduire, elle endosse à elle seule la responsabilité de perpétuer son espèce et de maintenir une certaine cohésion de groupe par l’usage de phéromones transmises par trophallaxie. Ce fardeau vaut bien un statut à part qui lui donne certains avantages.

Une alimentation royale

Sa majesté abeille est la plus robuste de son espèce. D’une taille environ 50 % supérieure à celle d’une ouvrière, elle jouit également d’une longévité exceptionnelle comparée à ses sujets. Elle peut vivre de 5 à 6 ans contre 45 jours pour les abeilles de printemps. Mais n’allez pas croire que cette privilégiée bénéficie d’un patrimoine génétique hors norme ! Elle ne doit sa super condition physique qu’à une seule chose : son alimentation.

En effet, la potion magique de la reine des abeilles, c’est la gelée royale ! Ce cocktail surpuissant de nutriments, vitamines et autres composants nutritionnels hautement intéressants pour la santé est produit en petite quantité et ne sert qu’aux larves, aux nymphes destinées à devenir reines des abeilles ou aux monarques en exercice.

Le hasard au pouvoir

C’est un fait à prendre en compte : point de droit divin pour son Altesse ! Ce qui en fait une reine, c’est que le hasard a voulu qu’elle et une poignée d’autres élues soient placées à la naissance dans un berceau plus grand (une alvéole spéciale) par les ouvrières. C’est là que les prétendantes au trône de la ruche ont été abreuvées de gelée royale depuis leur premier jour de vie. C’est tout ! D’ailleurs, le premier acte de la souveraine proclamée est immanquablement de détruire ses concurrentes encore en devenir dans les alvéoles voisines.

Ceci marque le début d’un long règne au cours duquel la reine ne sortira que très peu de la ruche. Elle aura pléthore de sujets pour la nourrir et nettoyer ses quartiers, mais ne jouira pas d’une liberté absolue pour autant, puisqu’avec sa couronne vient ses obligations : pondre, pondre et pondre encore. Beaucoup. Environ 2000 œufs par jour ! La chambre à couvain sera ainsi son quartier général et les larves et nymphes, sa principale compagnie. Triste sort pour une reine ! Et lorsque la colonie devient surpeuplée ou qu’il est temps de préparer la relève, les abeilles procèdent à l’essaimage, comme expliqué ici.

Et le roi des abeilles dans tout ça ?

À l’instar d’une monarchie britannique humaine, on évoque exclusivement la reine des abeilles, mais qu’en est-il du roi ? Eh bien sachez que la société matriarcale mellifère n’est pas tendre avec l’abeille mâle. Disgracieusement appelée “le faux bourdon”, cette sorte de grosse abeille sombre et poilue à gros yeux (pour ne pas manquer sa cible) n’a pas le meilleur rôle au rucher.

En effet, le valeureux géniteur n’aura pas beaucoup d’ambition à nourrir durant sa courte vie, du printemps à l’automne. Soit il mourra en plein vol lors de la fécondation de la reine, l’appareil génital arraché par l’acte reproducteur tout comme ses nombreux adversaires, (l’accouplement étant multipartenaires au cours de cette rare sortie), soit il sera chassé (au mieux) ou tué (au pire) par les ouvrières avant l’hiver. C’est bien là un exemple de l’implacable cruauté de la nature. Le faux bourdon ne pique pas et ne produit pas de miel. Il ne peut donc ni défendre, ni contribuer à alimenter la colonie d’abeilles. Si en plus il a échoué à enfanter (puisqu’il est toujours en vie), rien ne pourra le sauver. Dura lex, sed lex (“La loi est dure, mais c’est la loi”), même au rucher !

Le peuple des abeilles et son système de castes

Au cours de sa courte vie, l’abeille ouvrière (c’est-à-dire qui n’est pas reine) vivra plusieurs phases et fonctions en rapport avec son âge dans la hiérarchie de son essaim.

Les servantes de la ruche

Les abeilles nettoyeuses

Âgées de 1 à 3 jours, les nettoyeuses commencent tout en bas de l’échelle sociale. Elles veillent à maintenir la ruche propre en la débarrassant de toutes sortes de débris : bouts d’opercules, pollen, mues de nymphes, cadavres, etc.

Les nourrices

Du troisième au dixième jour de vie, l’abeille consacre son temps au nourrissage des larves et de la reine. C’est à ce moment-là que les insectes nourriciers sont en capacité de produire la prodigieuse gelée royale. Les nourrices de la ruche se chargent également de maintenir le couvain et la reine au chaud.

Les ressources logistiques du rucher

Les magasinières de miel

L’abeille magasinière, appelée aussi “manutentionnaire” est âgée de 9 à 12 jours. Elle récupère le nectar récolté par les butineuses et l’ingurgite avant de le restituer à une autre comparse. Cette opération se répète plusieurs fois entre magasinières afin d’accélérer la déshydratation du miel avant stockage en alvéole.

Les abeilles bâtisseuses

De 11 à 15 jours, l’abeille nourrice devient maçonne. Ses glandes nourricières laissent place à des glandes cirières qui vont lui permettre de produire cet élément indispensable de la vie au rucher : la cire. Grâce à cet incroyable produit de la ruche, l’abeille construit les alvéoles sur les cadres placés par l’apiculteur.

Les abeilles postées autour de la ruche

Les ventileuses

Entre une et trois semaines de vie, les abeilles s’emploient à créer un courant d’air qui garantit une bonne aération de la ruche, ainsi qu’une température favorable à la survie de la colonie. Entre 32 °C. et 36 °C. avec une ventilation efficace, les conditions sont optimales à la fois pour les insectes, mais aussi pour le miel. Comme nous vous en parlions ici, le nectar des abeilles a besoin de s’assécher pour se prémunir de la prolifération de bactéries et champignons divers. Pour générer cette véritable VMC (ventilation mécanique contrôlée), les abeilles ventileuses se placent en dehors de la ruche et battent des ailes énergiquement. En cas de besoin, d’autres ouvrières à différents postes peuvent venir en renfort en endossant elles aussi ce rôle primordial dans l’organisation de la ruche.

Les gardiennes de la colonie

De 15 à 26 jours d’âge, l’abeille devient gardienne et prend en charge la sécurité de la ruche. Prédateurs, pilleurs et autres menaces au précieux stock de miel auront à en découdre avec ces sentinelles féroces avant d’espérer pouvoir nuire à la colonie. Parmi ses techniques de combat, il n’y a pas que la piqûre et l’injection de venin (surtout que celle-ci est fatale à l’abeille à cause de l’arrachement du dard). Ventilation contre les fourmis, morsures, agrippement et secouage de guêpes ou d’abeilles pilleuses étrangères à la colonie sont autant de moyens de défense qu’utilise l’abeille gardienne. Grâce à ses phéromones, elle a aussi la possibilité de donner l’alerte. Chaque ouvrière peut venir soutenir les gardiennes en cas d’attaque de grande ampleur.

Les abeilles autorisées à s’éloigner de la ruche

De ses 3 semaines jusqu’à la fin de sa vie, l’abeille va se mettre à sillonner les environs de l’exploitation apicole. Elle va aussi se spécialiser dans un type de mission de reconnaissance en particulier.

Les porteuses d’eau

L’apport d’eau est nécessaire à la survie de la colonie, à la fois pour diluer le miel pour nourrir les larves, mais aussi pour aider à y réguler la chaleur ambiante. C’est pourquoi certaines abeilles sont dédiées à la recherche d’eau, quitte à périr par noyade tant la tâche est ardue.

Les butineuses

La plus connue des fonctions de l’animal vivant le plus important au monde, c’est le butinage. Sans cette opération, pas de miel, mais surtout, pas de pollinisation de certains végétaux. C’est pourquoi l’abeille mérite amplement son titre et surtout, nos efforts pour lutter contre sa disparition comme nous vous en parlions dans cet article au sujet du parrainage de ruche. La butineuse parcourt de nombreux kilomètres pour trouver des sources mellifères telles que les fleurs ou le miellat. Elle n’aura de cesse de ramener ces sucres naturels, mélangés à ses propres enzymes, pour constituer la réserve de nourriture de tout son clan, jusqu’à sa mort.

Les éclaireuses

Les abeilles les plus expérimentées et les plus résistantes deviennent des éclaireuses. Elles facilitent le travail des butineuses en leur indiquant les points d’explorations les plus intéressants. Durant leurs reconnaissances de terrain, elles repèrent également les dangers et communiquent leur rapport de mission sous forme de danse. Ce sont également ces exploratrices qui indiquent le nouveau lieu d’essaimage lors de la séparation de la colonie. 

Les différents rôles des abeilles au cours de leur vie sont tous essentiels dans la hiérarchie de la ruche. Sachant qu’une colonie peut compter jusqu’à 100 000 membres, il est primordial que son organisation ne laisse aucune place au hasard. Maintenant que vous savez tout ce que la production de miel et autres produits de la ruche implique du point de vue de l’abeille, nous espérons que vous souhaiterez mettre tous ces efforts à l’honneur en visitant notre boutique de miels, tous aussi extraordinaires les uns que les autres !