“Tant que nous aurons des châtaignes, nous aurons du pain !”

Cette phrase de Pascal Paoli, homme politique corse, résume l’importance du châtaignier.

Très présent en Europe, c’est un arbre providentiel autant pour l’homme que pour les abeilles ! Cachés dans des bogues protectrices, ses fruits servent depuis des siècles à la réalisation de nombreuses recettes gourmandes.

Les abeilles, quant à elles, sont friandes de son nectar dont elles font un miel à l’arôme corsé.

Découvrez cette essence mellifère à la luxuriante floraison estivale.

La botanique du châtaignier

Originaire d’Asie Mineure, le Castanea sativa, le châtaignier commun européen, est un arbre fruitier de la famille des Fagacées.

On trouve dans cette grande famille 3 variétés bien connues en France :

• le châtaignier, Castanea sativa ;
• le chêne, Quercus ;
• et le hêtre, Fagus.

Le châtaignier pousse rapidement pour atteindre en 20 ans sa taille adulte.

Il s’étale alors avec noblesse, culminant à plus de 30 mètres de hauteur. Il peut vivre plus d’un millénaire, son tronc est alors très impressionnant, avec plusieurs mètres de circonférence !

L’écorce des jeunes sujets est lisse et claire, mais avec l’âge elle se fissure et devient plus brune.

Il présente un feuillage dense, composé de grosses et larges feuilles caduques, dentées et allongées comme des plumes.

Il se multiplie en produisant des rejets.

Il fait partie des feuillus fréquemment rencontrés dans les forêts françaises. Il a toutefois une prédilection pour certaines régions : Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Ardèche, Bretagne, Massif-Central, Limousin, Aquitaine, la Provence et la Corse. C’est un végétal qui s’épanouit dans un sol acide et siliceux et, bien que plus rare dans le sol calcaire du Nord-Est, on le trouve dans les Vosges.

Il est également présent dans de nombreux pays d’Europe, surtout sur les reliefs du pourtour méditerranéen : en Turquie, en Grèce, dans les Balkans, au Nord de l’Espagne mais aussi dans le Caucase, en Géorgie, en Arménie et en Azerbaïdjan.

Parfaitement adapté aux climats doux et humides, il n’en est pas moins rustique et résistant aux grands froids. Par contre, il craint les gelées tardives à cause de la précocité de ses bourgeons. Il supporte les grosses chaleurs si le sol est gorgé d’eau par des périodes de pluie abondante.

Un vieil adage dit : « au mois d'août, la châtaigne doit être dans un four, au mois de septembre dans un puits ».

D’autres espèces de châtaigniers que le castanea sativa existent en Asie et en Amérique du Nord.

Les fleurs du châtaignier

Espèce dite monoïque, le châtaignier porte des fleurs femelles et des fleurs mâles sur une même tige, la pollinisation ne se fait qu’avec une autre variété compatible, c’est une fécondation croisée.

Jaunâtres, les fleurs à l’odeur très forte et au nectar très sucré, forment de grands chatons allongés où les fleurs mâles sont plus nombreuses.

La pollinisation du châtaignier est dite :

• entomophile lorsqu’elle est faite par les abeilles et les insectes pollinisateurs,
• anémophile lorsque c’est le vent qui dissémine le pollen.

Dans les régions humides, le nectar est plus lourd et les abeilles jouent alors un rôle majeur.

La floraison est abondante de la mi-juin à la mi-juillet.

La châtaigne

Ce fruit est contenu dans une sorte d’enveloppe épineuse, la bogue. Celle-ci contient de 1 à 3 châtaignes à la coque lisse et avec une extrémité pointue, dont l’épluchage est fastidieux !

Elles se développent dans la chaleur de l’été pour être récoltées à partir du mois d’octobre et faire le régal des tables festives de l’hiver !

Un châtaignier donne en moyenne 50 à 70 kilos de fruits par an.

Les différents usages du châtaignier et de son fruit

La châtaigne est utilisée en cuisine depuis la nuit des temps, tant chez les pauvres, en période de disette, que servie en gourmandise dans les grandes maisons. Son miel est très caractéristique et le bois profite aux charpentiers et aux vignerons.

La châtaigne, la douceur culinaire.

Une châtaigneraie est un verger de châtaigniers dont l’exploitation pour une consommation alimentaire s’appelle la castanéiculture.

Grâce à la farine de châtaigne, il est surnommé “l’arbre à pain” ou “pain des pauvres” dans les pays méditerranéens.

Très nutritives, elles s’utilisent fraîches ou sèches, cuites à l’eau ou grillées et ont été la nourriture de base dans de nombreuses régions jusqu’à l’arrivée de la pomme de terre.

Mais la châtaigne n’était pas que la pitance du pauvre !

Son goût se marie à merveille avec la volaille et elle est servie en accompagnement de nombreux plats raffinés depuis l’époque romaine.

Aujourd’hui, on l’utilise encore pour en faire de la farine (qui convient aux personnes intolérantes au gluten), de la polenta, des gâteaux, de la crème de marrons… Des sirops, des liqueurs et des bières la mette également à l’honneur ainsi que les marrons glacés, fameuse confiserie toujours très prisée.

Traditionnellement servie avec la dinde de Noël, on n’hésite désormais plus à en faire de la purée sur laquelle s’invitent des noix de St-Jacques, ou à la préparer en velouté ou en gratin. Les châtaignes vendues déjà pelées ont le vent en poupe.

Et depuis fort longtemps, certains fromages de chèvre sont emballés et conservés dans de jeunes feuilles de châtaignier, moins riches en tanins.

Le miel de châtaignier

Lors de l’abondante floraison, les abeilles récoltent du pollen et du nectar pour élaborer du miel. Les premières miellées de châtaignier, en juillet, contiennent également beaucoup de miellat, liquide sucré récolté par les butineuses sur les pucerons de l’arbre.

En cas de sécheresse, la récolte est moindre.

Le miel monofloral de châtaignier est un miel très typé, brun foncé au goût prononcé et amer. Il est essentiellement récolté dans les régions où l’essence est abondante : en Corse, dans les Cévennes, en Bretagne et dans le Limousin.

Ce miel surprend, mais ne laisse pas indifférent tant son arôme persiste en bouche, il cristallise lentement et se conserve très bien.

Riche en vitamines, en minéraux et en oligo-éléments, il a des vertus médicinales bienfaisantes sur le système immunitaire, la circulation sanguine, la cicatrisation et contribue à ralentir le processus de vieillissement cutané grâce à sa richesse en polyphénols. Lire notre article " L'apithérapie : Quel miel choisir ? "

Le bois de châtaignier

Riche en tanins et en polyphénols, le bois de châtaignier repousse les parasites, et même les araignées ! Il n’a donc pas besoin d’être traité et vieillit très bien en intérieur comme en extérieur, à l’instar de certains bois exotiques. Il n’est donc pas rare de trouver des charpentes séculaires très propres !

Le châtaignier n’a pas beaucoup d’aubier et, bien que dense, n’est pas un bois dur, ce qui le rend facile à travailler.

Il est employé par différents corps de métier :

• en ébénisterie, en menuiserie, pour la réalisation de charpentes et de bardeaux,
• en agriculture pour faire des clôtures ou autres tuteurs,
• en viticulture pour les piquets de vignes,
• en tonnellerie pour le cerclage des fûts.

Il sert également pour faire du mobilier et de l’artisanat, comme la vannerie, avec le bois de jeunes plants.

En bois de chauffage, on lui préfère d’autres essences, comme le chêne, le hêtre, l’orme ou le charme.

Il apporte néanmoins une bonne qualité calorifique mais sur une courte durée, car c’est un bois tendre au même titre que le robinier faux-acacia et certains arbres fruitiers.

Il crépite et produit de nombreuses projections aussi il vaut mieux l’utiliser en foyer fermé puisque ces escarbilles représentent un réel danger d’incendie.

Histoire d’un châtaignier extraordinaire

Impossible de clore cette présentation sans vous parler du plus vieux châtaignier du monde qui se trouve sur une des pentes de l’Etna. Ce spécimen serait âgé de plus de 2 000 ans !

Divisé en plusieurs gros troncs au système racinaire commun, il mesure près de 60 mètres de circonférence !

Surnommé le Châtaignier des cent chevaux, la légende raconte qu’à la Renaissance, un jour d’orage, il aurait mis à l’abri de son feuillage l’escorte de la Reine de Naples, forte de 100 cavaliers !

Cet arbre est classé par l’UNESCO d’intérêt historique et monumental.