À la Chandeleur, pièce d’or à la main, les crêpes sautent...
La reine-des-prés, fleur des abeilles !
Mellifère, médicinale, la reine-des-prés offre de nombreuses vertus à la nature et à l’homme. Présentation de cette surprenante amie des abeilles.
La reine-des-prés, de l'aspirine au miel
Autrefois appelée Ulmaire, la symbolique reine-des-prés jouit d'une aura quasi mystique. Messagère de paix, cette plante sauvage servait de philtre d'amour aux druides.
Employée à des fins médicinales, sa réputation vertueuse a traversé les siècles et elle est toujours associée à l'aspirine dont elle est à l'origine.
Savoureuse, parfumée, elle est également mellifère et mérite son surnom de fleur des abeilles dont elle fait le bonheur. Je vous propose de la découvrir car il n'est pas rare de la croiser dans nos contrées vosgiennes, aux côtés d'autres plantes mellifères de notre région.
L’aromatique reine-des-prés, amie des abeilles
Cette jolie plante herbacée de la famille des Rosacées pousse fièrement dans les lieux humides, des bords des cours d'eau jusqu'aux prairies marécageuses. Elle a tendance à disparaître peu à peu, au rythme de l'assèchement de ces zones.
Originaire d'Europe centrale et d'Asie, elle est présente dans toutes les régions françaises, à l'exception du pourtour méditerranéen et de la Corse. Cette vivace présente des caractéristiques bien particulières qui la rende identifiable à coup sûr !
Sa taille donne le ton puisqu’elle trône souvent à plus d'un mètre !
Ses petites fleurs blanches, très agréablement parfumées, ressemblent à des ombelles, légèrement jaunâtres.
Les tiges de la belle sont rougeâtres et lisses et ses feuilles, vert foncé, sont également glabres sur le dessus, mais cotonneuses sur le dessous. Elles forment des folioles, c’est-à-dire que l'ensemble de toutes les petites feuilles forme une seule et même grosse feuille.
C'est probablement grâce à cette allure unique qu'elle a été baptisée reine-des-prés.
Et des noms, elle en a une multitude ! Autrefois appelée Ulmaire, elle est aussi communément surnommée Fausse spirée (probablement en raison de la forme des akènes, ses fruits), belle des prés, barbe des chênes, barbe de bouc, fleur des abeilles, herbe aux abeilles, ormière (ses feuilles rappellent celles de l'Orme), grande potentille, mais n'oublions pas son nom botanique : Filipendula ulmaria.
La fleur des abeilles, la reine mellifère
De nombreuses fleurs sauvages sont mellifères. La reine-des-prés, appelée également fleur des abeilles ou herbe aux abeilles, en fait partie. Elle est une source abondante de nectar et de pollen de bonne qualité lors de sa floraison, de juin à août.
La reine-des-prés s'invite aussi en cuisine
En cuisine, la belle n'a pas son pareil pour donner un petit goût vanillé aux préparations sucrées.
Pour aromatiser les boissons, ce sont les sommités fleuries et les feuilles qui sont infusées, dans l'eau bouillante pour les tisanes, ou bien dans des fûts pour du vin ou de la bière originale.
Mais cette noble Reine des Prés est une plante, qui est surtout connue pour ses exceptionnelles propriétés médicinales.
La fausse spirée, mère de l’aspirine !
Sacrée jadis par les druides, elle occupe une place d'importance dans la pharmacopée française. En vente libre, aux propriétés médicinales jamais démenties, la phytothérapie et l’herboristerie la recommandent pour de nombreux maux.
Au Moyen-Âge, elle soulageait la fièvre et les rhumatismes, puis au fil des siècles, son efficacité a été reconnue sur les douleurs gastriques, musculaires et les diarrhées.
Elle contient notamment :
- du fer,
- du soufre,
- du calcium,
- du potassium,
- des tanins,
- de la vitamine C,
- des flavonoïdes,
- de l’acide salicylique, substance à l'origine de l'aspirine.
Au cours des années 1800 de nombreuses expériences ont tenté d'extraire cette molécule chimique, mais le procédé était soit trop contraignant soit le bénéfice du produit était peu probant au vu des effets secondaires.
L'essai se change en réussite dans les années 1890 grâce au chimiste Félix Hoffmann. Celui-ci est employé par les laboratoires Bayer, qui déposent le brevet de l’acide acétylsalicylique sous le nom d’Aspirin. Ce nom est issu du latin “a spirea”, dont la traduction littérale est “provient de la spirée”.
L'acide salicylique lui confère donc un pouvoir antalgique, antipyrétique et anti-inflammatoire, d'où son nom d’aspirine naturelle.
Les tanins, substance végétale de type polyphénols, ont une action anti-inflammatoire, antimicrobienne, antifongique, hémostatique et cicatrisante.
Mais les bienfaits de la reine-des-prés ne s'arrêtent pas là !
Ainsi, elle favorise la diurèse et, par conséquent, l'élimination des toxines et de l'eau qui entraîne œdèmes, rétention d'eau et cellulite. Cette action drainante et détoxifiante en fait une alliée minceur de choix.
Elle tonifie le système cardiovasculaire et intestinal et calme notamment les diarrhées.
Elle protège de l'acidité gastrique en tapissant la paroi stomacale, empêchant ainsi les brûlures d'estomac et la prolifération de la bactérie Helicobacter pylori, responsable d'ulcères gastroduodénaux, étude scientifique à l’appui.
Elle a également des propriétés sudorifiques et elle est employée pour aseptiser les plaies.
Utilisée en bain de bouche, elle soulage les gingivites.
Son action astringente est bénéfique contre l'excès de sébum responsable des pores dilatés et favorise la disparition de l'acné et de l’eczéma.
Elle est également préconisée pour son action contre les douleurs et les œdèmes liés aux rhumatismes et prévient les crises de goutte en évitant le dépôt de cristaux dans les articulations.
Et bien sûr sans effets secondaires néfastes. Toutefois, par mesure de précaution, elle n’est pas recommandée chez la femme enceinte et allaitante.
Les plantes ont toutes un rôle dans le cycle de la nature et la belle des prés peut se dresser fièrement car elle occupe une place à part dans les fleurs sauvages de France.
Sa réputation de vertueuse a traversé les siècles sans faillir et elle est toujours précieuse pour notre santé et pour la biodiversité. Elle mérite donc tous ses noms, comme autant de synonymes du nom reine, titre qu’elle n’usurpe pas.
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