Si l’engouement pour l’univers médiéval n’aura échappé à personne ces dernières années, il faut lui reconnaître le mérite d’avoir ramené au goût du jour l’une de nos boissons alcoolisées favorites : l’hydromel. À base d’eau et de miel fermenté, cet alcool est chargé d’histoire et remonte même bien avant l’ère chrétienne. Vous voulez tout savoir sur la boisson des dieux ? Suivez-nous pour un voyage dans le temps…

L’hydromel à travers l’histoire

Si vous aimez les histoires de Vikings (avec ou sans dragon), vous êtes probablement familiarisé avec le terme d’hydromel. Mais en vérité, si la boisson des dieux celtes et des Walkyries, symbole de puissance et d’immortalité, a perduré dans les terres scandinaves jusqu’au XVIe siècle, c’est que la vigne ne s’y plaisait pas.

De ce fait, le vin ne l’avait, à cette époque, pas encore supplanté contrairement au pourtour méditerranéen. C’est d’ailleurs la bière qui se chargea de prendre le relais auprès des populations nordiques.

Avant de se cantonner à abreuver le nord de l’Europe du Moyen-Âge (surtout étant donné ses vertus antiseptiques qui le rendaient quasiment incontournable), l’hydromel a fait les beaux jours des civilisations grecques et romaines, d’où il tire son nom.

En effet, “hydromeli” en latin vient du grec húdôr (eau) et meli (miel). Ce que l’on sait moins, c’est que cet alcool de miel serait la première boisson alcoolisée de l’histoire du monde.

Les Égyptiens en buvaient eux aussi et on retrouve des traces de production du breuvage jusqu’en Chine pas moins de 7 000 ans avant Jésus-Christ !

Aristote parlait lui aussi de l’hydromel dans ses écrits aux alentours de 350 avant J.-C. Pourtant, la première recette d’hydromel, nous la devons à Pline l'Ancien (1er siècle après J.-C.) qui l’explique dans son ouvrage en prose intitulé Histoire naturelle (Naturalis Historia en latin) :

“Ajoutez à de l'eau bouillante le tiers de son poids en miel, puis laissez fermenter en plein soleil à l'époque de la canicule pendant 10 jours“. Difficile de faire plus simple !

On comprend alors aisément pourquoi les hommes du néolithique étaient déjà, selon toute vraisemblance, capables de réaliser ce breuvage. Toutefois, ne vous fiez pas aux apparences : avant de s’improviser hydromellier et de se lancer dans sa propre production artisanale d’hydromel, mieux vaut être bien informé et nous sommes là pour vous aider...

Les 3 ingrédients du nectar des dieux

Quel miel pour l’hydromel ?

Si vous êtes habitué à nous lire, vous savez que les abeilles nous offrent une multitude de variétés de miels qui, selon l’implantation du rucher et la nature environnante, ne présenteront ni les mêmes saveurs, ni les mêmes couleurs, ni les mêmes bienfaits.Il appartient donc à chacun de choisir son miel en fonction du goût attendu de son hydromel et de sa texture finale entre sec, demi-sec et moelleux.

Pour vous orienter, sachez que les miels de miellat comme le miel de montagne, le miel de sapin et le miel de forêt se marient très bien à un hydromel sec. Leur légère amertume saura exacerber les arômes d’alcool.De plus, l’ajout d’herbes, d’huiles essentielles, de fruits ou d’épices telles que la cannelle, le gingembre ou encore la cardamome offrira des mélanges subtils à exploiter à l’infini.

Si vous préférez les hydromels plus liquoreux et par conséquent doux, les miels clairs tels que le miel d’acacia et le miel de fleurs permettront d’exploiter tout l’aspect gourmand du nectar divin.

Choisir l’eau pour fabriquer son hydromel

Cela pourrait vous sembler secondaire, mais le choix de l’eau peut être déterminant ! Il faut qu’elle soit de la meilleure qualité possible et surtout, qu’elle ne comporte aucune bactérie susceptible de faire échouer le processus de fermentation.

La présence de certains minéraux peut aussi altérer l’évolution de l’hydromel, c’est pourquoi opter pour une eau de source ou une eau distillée est préférable.

Pour les proportions, cela dépend des recettes et surtout, des ferments utilisés et du taux d’alcool que l’on souhaite obtenir.

En général, il faudra environ 250 g de miel / litre d’eau.

Les ferments qui transforment le miel en boisson alcoolisée

En théorie, étant donné que le miel contient déjà des lactobacilles qui, autrefois, se chargeaient à elles seules de le faire fermenter, on devrait encore pouvoir fabriquer de l’hydromel sans ajout de microorganismes.

Toutefois, la composition des miels variant constamment, il est plus sage de s’assurer un bon résultat avec des ferments additionnels.

En général, les champignons utilisés pour la vinification (comme la levure Saccharomyces Cerevisiae dite aussi levure de bière ou levure de boulanger) sont tout à fait indiqués pour la production d’hydromel et son goût sera alors préservé.

On allie ainsi les techniques œnologiques et le meilleur de l’apiculture française pour un croisement des savoirs des plus enrichissants.

La transformation du miel en hydromel, une attention constante

La réunion des trois ingrédients de l’hydromel est appelée le moût. La fermentation du miel dure environ six semaines et il faut le goûter toutes les deux semaines pour ajuster les dosages. Si le vin de miel reste trop sucré, alors il continuera à fermenter. Il sera peut-être judicieux d’y ajouter de la levure. Si l’hydromel est trop sec, on peut y remettre plus de miel pour le rendre plus sirupeux.Une fois que les bactéries ont entièrement transformé en éthanol (c’est-à-dire en alcool) le glucose, le fructose et les autres sucres complexes contenus dans le produit de la ruche, la fermentation est terminée.

Le vieillissement de l’hydromel s’étale ensuite sur plusieurs mois, voire plusieurs années selon la qualité gustative recherchée et ce, à une température qui doit rester constante.La boisson des dieux veillie en fût de châtaignier est parmi les plus prisées.

Étant donné le fragile équilibre des organismes vivants qui œuvrent à transformer le produit de l’abeille en boisson alcoolisée, il va de soi que le matériel utilisé doit être parfaitement propre et stérile. Il faut aussi qu’il soit capable de résister à la pression gazeuse due au rejet de CO2 par les ferments. Ce gaz doit être évacué de temps en temps, tout en évitant la contamination bactérienne.

Comme vous pouvez le constater, si le principe de production de l’hydromel semble simple a priori, il demande en réalité un immense savoir-faire, du temps et une attention minutieuse.Lorsque le procédé de vinification est maîtrisé, les possibilités de mélanges sont particulièrement excitantes et les apéritifs et digestifs qui découleront de vos expériences d’alchimiste risquent fort de remporter les suffrages auprès de votre entourage. Mais si vous êtes trop pressé de goûter au divin (avec modération, bien entendu), nous ne saurions que trop vous conseiller cet hydromel artisanal réalisé par un vigneron traditionnel que nous avons spécialement sélectionné pour vous.Cela vous aidera à patienter d’ici la dégustation de vos propres productions du nectar des dieux !

Et vous, avez-vous plutôt l’âme d’un apprenti hydromellier ou d’un simple amateur d’hydromel ? Dites-nous tout en commentaire !