Le miel est le fruit d’une collaboration parfaite entre la faune et la flore. S’il est de notoriété publique que l’abeille butine les fleurs pour produire son précieux nectar doré qui ravit nos papilles depuis des millénaires, il est intéressant de se pencher sur le processus qui explique comment les abeilles fabriquent le miel. Vous allez voir que tout est question d’échange de bons procédés et de coordination savamment orchestrée...

Le végétal à l’origine de la fabrication du miel

Pour se reproduire, les plantes disposent d’assez peu de moyens pour favoriser la rencontre du pollen (qui joue le rôle de spermatozoïdes) de l’une et du pistil (qui représente les ovules) de l’autre. Pour assurer leur pollinisation, certains végétaux comptent sur le vent, assez peu efficace vu le manque de précision, et d’autres s’en remettent à l’intervention extérieure d’une espèce animale.

C’est pourquoi on dit que certains insectes sont pollinisateurs.

• Papillons,
• abeilles,
• bourdons,
• diptères,
• coléoptères jouent ce rôle dans la reproduction des fleurs,
• mais aussi certains oiseaux comme les colibris ou de petits mammifères tels la chauve-souris.

Dans ce domaine, l’abeille est particulièrement efficace. Avec ses pattes poilues qui retiennent facilement le pollen (on parle de près d’un million de grains transportables par l’insecte) et sa capacité à parcourir plusieurs kilomètres qui l’amène à visiter pas moins de 250 fleurs par heure, elle joue un rôle essentiel à l’abondance de la faune.

Il faut dire que les plantes en floraison sortent le grand jeu pour mettre tout ce beau monde en appétit : couleurs chatoyantes, parfums délicats, mais par-dessus tout : nectar sucré dont raffolent nos butineuses.

Les abeilles aiment d’ailleurs tellement le sucre que si elles ne le récoltent pas en plongeant leur langue au cœur de la fleur, elles le trouveront dans le miellat laissé par les insectes piqueurs suceurs ou dans les autres sécrétions sucrées de plantes.

Pour indiquer à leurs consœurs qu’un végétal a déjà été prélevé de sa substance gourmande, les abeilles déposent des phéromones. Celles-ci s’estomperont dans un laps de temps qui, en général, permet à la plante de disposer à nouveau de nectar pour un nouveau butinage.

La transformation du nectar butiné

L’organisation de la ruche est particulièrement méticuleuse et chaque abeille a un rôle crucial à jouer : nettoyeuses, gardiennes, nourrices, sentinelles, etc. comptent parmi les plus connus. Les abeilles butineuses ne sont donc pas seules responsables de la fabrication du miel.

Concrètement, lorsque le sucre est récolté dans la nature, la butineuse le transporte dans son jabot afin de rapporter son précieux butin au rucher. Cette poche située dans l’abdomen en amont de l’estomac est aussi appelée ”estomac à miel”. Grâce à un processus de prédigestion, c’est ici que le nectar entame la première étape de sa transformation chimique.

Les sucres complexes comme le saccharose y sont catalysés très progressivement en sucres plus simples comme le fructose et le glucose, plus facilement assimilables par l’organisme dans le sang. C’est aussi au sein du jabot que le nectar sucré devient plus concentré, par un phénomène de perte de liquide.

De retour à la ruche, les butineuses transmettent leur récolte à des abeilles receveuses par trophallaxie, c’est-à-dire en régurgitant le nectar de bouche à bouche. Cette opération se répète à plusieurs reprises entre différentes abeilles ouvrières qui font transiter le miel en devenir dans leur propre jabot à chaque fois.

La salive des abeilles contient plusieurs enzymes dont l’invertase (qui transforme le saccharose) et la glucose oxydase qui pourvoit le miel en acide gluconique et en peroxyde d’hydrogène. Le développement de bactéries, de champignons et de moisissures est ainsi empêché et le miel peut poursuivre sa maturation tout en étant protégé.

La maturation du miel des abeilles

Lorsque le miel est prêt à être stocké, il est déposé au sein d’une alvéole de la ruche, ces rayons construits par les abeilles bâtisseuses avec de la cire, du pollen et de la propolis.

L’eau que contient le miel s’y évapore grâce à la chaleur qui règne dans les ruches, mais aussi à l’aération constante fournie par les abeilles ventileuses qui battent des ailes pour créer un courant d’air évacuant l’humidité ambiante.

Lorsque le taux d’humidité du miel passe sous la barre des 18 %, il ne risque presque plus la contamination bactérienne. Les abeilles se chargent alors de sceller les alvéoles avec la cire d’opercule. C’est le signe, pour l’apiculteur, que le miel est enfin prêt à être consommé. En général, les apiculteurs ne prélèvent les cadres de hausse de la ruche que lorsque les alvéoles sont recouvertes pour environ 80 % d’entre elles (comme nous vous l’expliquions ici).

En marge de l’exploitation apicole, les abeilles conservent le miel dans les alvéoles operculées pour assurer la survie de la colonie par temps froid ou pluvieux. C’est aussi la base de l’alimentation des larves du couvain.

Toutes les espèces d’abeilles n’hibernent pas et l’apis melilfera (l’abeille mellifère la plus répandue en Europe) reste active pendant l’hiver afin de protéger sa reine et préserver ainsi la pérennité de l’essaim. 

Vous savez maintenant comment les abeilles fabriquent le miel et en quoi cette alliance entre les plantes et les insectes est si fascinante.

La composition du miel en fait un produit culinaire d’exception qu’il faut conserver avec soin, tout comme le font les abeilles. Pensez bien à refermer vos pots de miel et à les garder dans des placards à l’abri de l’humidité et de la lumière. De plus, vous pouvez préserver ses propriétés en utilisant une cuillère à miel adaptée, pour un maximum de bienfaits !

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