Le colza, une plante printanière très mellifère !

Les champs de colza sont parmi les premiers à colorer la campagne au printemps.

Cette culture, aux multiples usages, déroule le jaune de ses fleurs à perte de vue.

Elle est essentielle à la production mondiale d’huile et de carburant, sert à l’alimentation animale, mais connaissez-vous le rôle prépondérant des abeilles dans sa pollinisation ? 

Qu’est-ce que le colza ? 

Le colza (Brassica napus) est une plante annuelle de la famille des Brassicacées, autrefois nommée les Crucifères, à laquelle appartiennent également le navet, le rutabaga, les choux, la moutarde, le cresson, le raifort.

D’ailleurs, son nom signifie “graine de chou” en néerlandais ! C’est une plante hybride, issue d’un chou (Brassica oleracea) et d’une plante herbacée, cultivée pour le fourrage et la production d’huile de colza, la navette (Brassica rapa). 

Sa fleur jaune, dont la corolle est constituée de quatre pétales disposés en croix d’où l’ancien nom de Crucifères, est composée d’un pistil et de six étamines qui produisent le pollen.

La floraison commence assez tôt, en général au mois d’avril et se poursuit pendant plusieurs semaines.  

Cette plante est cultivée un peu partout dans le monde pour la production d’huile, de fourrage et de carburant.

En France, les cultures de colza représentent plusieurs millions d’hectares, essentiellement dans le nord du pays. Le Canada, l’Australie, la Chine et l’Inde font partie des principaux producteurs avec l’Europe.

Depuis 10 ans, la culture au niveau mondial a augmenté de l’ordre de 40 % en raison de son utilisation pour la production de biodiesel, à laquelle est destinée près de 60 % du colza européen.  

Les graines de colza sont très oléagineuses avec parfois une teneur de plus de 40 % d’huile. Elles sont récoltées puis pressées pour obtenir une huile brute.

Celle-ci est ensuite raffinée pour servir dans le domaine agroalimentaire ou industriel. En Europe, c’est l’une des trois principales huiles alimentaires avec l’huile de tournesol et l’huile d'olive, et la 3e au monde avec le soja et l’huile de palme.

Elle entre dans la composition de nombreux aliments et aurait des effets bénéfiques sur les maladies coronariennes et certaines maladies de peau.

De plus, la consommation journalière de 2 cuillères à soupe d’une huile végétale première pression à froid telle que l'huile de colza (ou d’huile de noix, huile de lin…), aurait un rôle important dans la prévention du cancer du sein. 

Rien ne se perd dans le colza ! Ses feuilles, comestibles, sont vendues en France sous le nom de broutte, mais sont plutôt utilisées dans la cuisine asiatique, portugaise ou espagnole.

Le tourteau de colza est le résidu solide des graines après l’extraction de l’huile. C’est un coproduit qui ne subit aucune transformation et qui est utilisé pour l’alimentation des bovins en raison des protéines végétales et du phosphore qu’il contient, on parle alors de colza fourrager. 

Celui-ci a remplacé petit à petit la culture de la navette brassica et présente de nombreux atouts en culture d’hiver

Semé à partir du mois de juin et jusqu’à la fin du mois de septembre, il a l’avantage de pousser très rapidement.

Son système racinaire, très développé, va puiser dans les profondeurs du sol les éléments nutritifs dont il a besoin. Ceux-ci, ainsi que l’azote, remontent alors vers la surface, participant à l’enrichissement du sol ainsi qu’à son ameublissement.

Les labours de ces cultures agricoles, quelques semaines avant les semis du début du printemps, offrent à la terre un engrais vert qui va fertiliser le sol lors de sa décomposition.

Cette culture dense va également couvrir le sol et limiter ainsi la pousse des mauvaises herbes, appelées adventices.

Cette solution de bonification des sols est totalement naturelle et permet d’éviter l’utilisation de produits nuisibles tant pour l’homme que pour les animaux et la terre. 

Mais tout cela serait impossible sans une action fondamentale : la pollinisation ! Et c’est là que nos abeilles entrent en scène !

Sans abeilles, pas de colza !

La culture de cette plante mellifère ne pourrait pas se faire sans les abeilles. En effet, elles sont le vecteur essentiel de pollinisation de cette fleur, même si le vent ou quelques insectes pollinisateurs lui prêtent main forte.

Dès que les boutons de fleurs ont éclos, ils sont visités par les abeilles et cela permet la fécondation.

Au sortir de l’hiver, la floraison précoce du colza est une aubaine pour les butineuses. C’est pourquoi l’installation de ruches à proximité des champs au début du printemps est primordiale.

Toutefois, ces dernières décennies, son utilisation dans la filière apicole a été très controversée.

En effet, les modifications génétiques de la plante et des traitements phytosanitaires qu’elle a subi ont posés la question de la survie des abeilles, décimées par l’utilisation des pesticides néonicotinoïdes.

Le but recherché par l’usage de ces pesticides était l’intensification du rendement, notamment grâce à l’élimination d’insectes dits ravageurs. Ils ont été interdits en 2018.

Depuis quelques années, on constate un retour aux cultures dites associées afin de pallier l’usage de ces pesticides grâce à une action couvre sol et un effet répulsif sur les insectes.

À ce titre, le colza est associé à des légumineuses (féveroles, pois protéagineux, lentilles…) ou à des plantes très mellifères telles que le trèfle ou la phacélie.Cela n’a que des avantages du point de vue des abeilles.

De la fleur de colza au miel de printemps 

Dès le début du printemps, et si les conditions météorologiques sont correctes, les fleurs produisent beaucoup de nectar avec lequel les abeilles fabriquent le miel de colza.

Il est le premier récolté chaque année, de texture crémeuse, très clair et cristallise très vite, en raison de son fort taux de glucose.

Associé à d’autres fleurs, essentiellement celles de cerisier, de pommier, de pissenlit, de cassis et de trèfle, on obtient un miel polyfloral : le miel de printemps, produit dans de nombreuses régions françaises.

La couleur de ce miel varie selon les nectars butinés par les abeilles, mais il est toujours clair, d’un goût assez doux, frais et parfumé.

Il se conserve bien, mais cristallise vite, il peut alors être mis au bain-marie pour reprendre une texture plus liquide.

Grâce aux propriétés du colza, c’est un miel riche en oligo-éléments, aux effets bienfaisants sur les rhumatismes, le mauvais cholestérol, les problèmes cardio-vasculaires, les hémorroïdes, les maux d’estomac.

Comme tous les miels, il stimule l’immunité et… le transit intestinal.

Le miel de printemps s’apprécie directement à la petite cuillère ou sur des tartines et remplace avantageusement le sucre dans les boissons chaudes comme dans les pâtisseries.